Le saviez-vous ? En France, environ 1 couple sur 7 éprouve des difficultés à concevoir bébé. Loin d’être un cas isolé, le sujet de l’infertilité est pourtant encore très tabou.
Au travers de ce terme un peu fourre-tout, différents cas de figure sont désignés : difficultés à avoir son premier enfant, infertilité secondaire, infertilité inexpliquée, fausses couches précoces ou tardives …
Néanmoins, chaque histoire est unique, chaque cas différent mais avec pour point commun une grande souffrance pour les couples devant affronter l’infertilité.
Il n’existe d’ailleurs aucun mot pour désigner un parent face au deuil de son enfant. Lorsqu’on perd un parent, on devient orphelin. Lorsqu’on perd un enfant, le dictionnaire de la langue française ne connait aucun mot pour cela. Ainsi, les termes « mamange », « papange » et « parange » viennent désigner les parents traversant un deuil périnatal. Et puis, pour les plus chanceux, il y aura un « bébé arc-en-ciel » après tout cela. Un terme pour désigner le cadeau inespéré.
Les tabous de l'infertilité
Comme si cela ne suffisait pas, cette souffrance s’accompagne de tous les stratagèmes à monter pour ne point en parler. Car on ne parle pas de ses difficultés à procréer. Par honte, par peur aussi de se faire griller au niveau professionnel. A une époque où la femme tente, tant bien que mal, de tout concilier, l’exercice de jongle monte d’un cran lorsque l’infertilité, et en particulier la PMA, viennent pointer le bout de leur nez. Un choix compliqué pour allier projet de famille et projet de carrière, avec de multiples questionnements quant à la façon de gérer la situation : s’empêcher d’évoluer pour pleinement se consacrer à ce projet bébé ? Jouer carte sur table avec son employeur ? Changer d’emploi sans en parler ou jouer la carte de la transparence dès les premiers entretiens ? Autant de stratégies et de questions éthiques avec lesquelles il est difficile de composer, et où chacune trouvera ses propres réponses.
Et puis, lorsque la fausse couche vient s’inviter, de nouvelles émotions sont à affronter. Une fausse couche précoce est un raz de marée dont on ne peut parler, la grossesse étant encore à un stade dissimulé. Lorsqu’elle est plus tardive, la fausse couche est une épreuve terrible à surmonter, un deuil à affronter. Une situation face à laquelle les autres n’auront pas de mots, ne sauront comment vous soutenir ni vous aborder. Et sans doute n’oseront-ils même pas évoquer avec vous le sujet, par peur de vous blesser.
Les impacts de la PMA sur sa vie personnelle et professionnelle
Connaitre l’infertilité, c’est voir toute sa vie chamboulée. C’est devoir affronter tout un tas de sentiments, parfois décuplés par les traitements médicaux qui se sont invités dans notre routine quotidienne. Les désordres hormonaux, qui font plus ou moins prendre de poids, peuvent rendre irritable et agir sur notre moral. Difficile de rester soudée avec son partenaire, chacun vivant cette expérience de façon différente, en fonction de son parcours personnel et de son rapport à la parentalité. Pour certaines, les traitements engendrent des souffrances physiques, en plus des pathologies sous-jacentes parfois présentes, telles que l’endométriose.
Et puis, il y a le cercle plus large, familial, amical ou professionnel et ses réflexions pas toujours appropriées, presque plus pressé que nous de nous voir avec un ventre joliment gonflé, et son fameux « Alors, c’est pour quand ?! » plus que lassant. En général, ces interrogations arrivent très rapidement une fois le mariage célébré, ou dans les trois années suivant l’arrivée du premier.
Nul besoin de nous le rappeler, nous entendons clairement les aiguilles de l’horloge biologique tournicoter et défiler à vive allure.
Alors, quand l’arrivée de bébé tarde à pointer son nez, on se tourne vers le corps médical. Avec son lot de difficultés, il faut souvent devoir lourdement insister pour être correctement pris en charge, avoir à disposition les différents examens médicaux qui permettront d’y voir plus clair. Une fois lancés dans le tourbillon de la PMA, il faudra parfois affronter les indélicatesses d’un personnel pas toujours délicat.
Et quand bien même une grossesse miracle est déclarée, on retient ce sentiment de joie, toujours terrée dans la peur de voir tout capoter. Un sentiment d’insouciance qui ne se retrouvera pas. Par pudeur également pour toutes les autres qu’on laisse derrière soi, encore dans leurs déboires avec la PMA.
Les impacts sur le moral
Et puis, il y a tous les sentiments qui viennent s’inviter lorsqu’on se retrouve face à l’infertilité : tristesse, frustration, colère, jalousie, honte, mauvaise estime de soi, dégoût pour son corps, perte de confiance en soi. La liste est longue … Nous avons toutes été confrontées à l’impression de voir des ventres ronds partout, lorsque cela vire à l’obsession. Certaines iront même jusqu’à avoir le sentiment d’avoir un cimetière à la place du ventre.
Les bienfaits de l'écriture face à l'infertilité
Utiliser l’écriture comme outil thérapeutique peut être intéressant : elle permet d’extérioriser ses émotions, de mettre des mots sur ses maux, de lâcher sa colère et d’exprimer les sentiments les plus inavouables. Il n’est pas toujours aisé d’en parler à son entourage, même à son conjoint qui vit les choses forcément différemment. Telle une confidente, l’écriture fait office de dépose-bagages.
Elle possède également l’avantage de prendre du recul sur son parcours, de réaliser que son vécu n’est pas rien. De s’autoriser d’avoir ces sentiments, ces moments de moins bien, sans culpabiliser.
Par cette prise de recul, une fierté quant au parcours traversé peut même commencer à se mettre en place, grâce à la prise de conscience du chemin parcouru et des montagnes déjà gravies. Cela redonne une dynamique, du courage pour continuer à avancer.
Et puis, pour celles qui sont parvenues à trouver le chemin jusqu’à bébé, leur récit les conduit à témoigner de leur résilience et donner de l’espoir et du courage à toutes celles qui sont encore dans la tornade médicale.
Cette page est dédiée à mes camarades de PMA, un joli groupe Whatsapp « Nos bébés mars/avril 2021 «. Une rencontre fortuite sur un forum PMA qui nous a conduit à partager nos grossesses et désormais nos vies depuis août 2020.
Envie d’en savoir plus ou de vous lancer dans l’aventure ? Je suis Aurélie et je prête ma plume aux personnes voulant réaliser leur livre, ou simplement quelques écrits, pour se libérer à leur tour de leurs émotions. Pour me contacter, c’est par ici :